Le monde financier américain a connu, à la mi-septembre, une douloureuse et hallucinante aventure qui n'a rien à voir avec la crise économique dans laquelle le monde entre.
De nouveau, c'est l'e-réputation (web-réputation ou réputation numérique) qui est la cause de la chute vertigineuse du cours boursier d'une célèbre compagnie américaine. Et ce, a priori, sans aucune intention de nuire, par pur concours de circonstances techniques...
Les faits
Le 7 septembre 2008, un internaute américain visite nuitamment le site de son journal favori, le Sun Sentinel, émanation du Chicago Tribune.
Il va lire, dans les archives du site, issues du Chicago Tribune, un communiqué, datant de 2002, annonçant la procédure de mise sous contrôle judiciaire de la société United Airlines, une des plus grandes compagnies aériennes américaines.
Compte tenu du peu de lecteurs sur le site à cette heure tardive, cette unique consultation de l'article pèse lourd dans les statistiques de fréquentation tenues en temps réel. Le moteur du site Sun Sentinel affiche donc automatiquement l'article en question sur la page d'accueil parmi les "most viewed" (les plus lues).
52 secondes plus tard, selon le communiqué du Chicago Tribune, le robot de Google chargé de scruter l'actualité visite le site pour actualiser l'information qui est mise à jour en continu sur Google News.
L'information est alors vue sur Google News par un rédacteur de l'agence Bloomberg News qui la prend pour une actualité renversante et décide de la relayer avant tout le monde, sans prendre le temps de recouper l'information.
En quelques minutes, l'information se propage dans les milieux financiers. Le cours de bourse de United Airlines s'effondre et va perdre plus de 75% de sa valeur. Les autorités boursières réagissent rapidement et suspendent la cotation mais il est trop tard, le mal est fait...
À la reprise des cours,l'action remonte substentiellement, mais des actionnaires lésés veulent obtenir réparation du préjudice subi.
Un hallucinant concours de circonstances techniques
Et pourtant, à première vue, ce serait juste la faute à personne ou à pas de chance... Ce serait juste un malheureux concours de circonstances, le système d'information qui serait devenu fou...
Chacun cherche à rejeter la responsabilité sur l'autre : le Chicago Tribune nie toute responsabilité et accuse Google. Google se défend au motif que l'info n'était pas clairement datée. L'agence financière Bloomberg News, quant à elle, promet à l'avenir, de recouper ses sources.
Communiqué sur le site du Sun sentinel du 9 septembre :
www.sun-sentinel.com/business/sfl-flzunited0909sbsep09,0,7405794.story
Un des communiqués sur le site du Chicago Tribune du 10 septembre :
www.tribune.com/pressroom/releases/2008/09102008.html
Voici une affaire emblématique d'e-réputation négative sans intention de nuire, par accident technique. Elle relève tout entière de la responsabilité du fournisseur d'information, ou encore de la responsabilité éditoriale sur Internet, du moins tant qu'aucune intention de nuire n'est établie.
En tout cas, un bel imbroglio juridique en perspective si l'affaire se retrouve devant les juges.
Rassurons-nous : l'internaute insomniaque qui a exhumé bien involontairement l'ancienne crise financière de United Airlines (des suites du 11 septembre) n'est pas mis en cause...
De nombreux sites francophones ont relayé l'information, notamment le blog belge Droit et Technologies sous la plume d'Etienne Wéry :
www.droit-technologie.org/actuality-1156/
Voir aussi notre offre en e-réputation : http://notre-offre.les-infostrateges.com/competence/e-reputation
Voir notre dossier spécial E-réputation : http://www.les-infostrateges.com/article/0807348/dossier-special-e-reputation