A côté de la définition objective de l'information, une autre approche, plus féconde à nos yeux, consiste à considérer que tout peut être information, mais que c'est uniquement le regard portée sur un objet qui le rend porteur d'information. Cette conception est éminemment subjective, puisque ce n'est plus l'objet en lui-même (l'article de journal visé dans la définition objective) qui est porteur, en tant qu'objet, d'information, mais c'est le regard qui est créateur d'information, ou plutôt de sens.
Cette approche, défendue notamment par Éric Sutter et Jean Michel, est plus riche de conséquences et plus englobante. Dans ce cas, n'est information pour moi que ce à quoi je m'intéresse. C'est vrai dans bien des cas. Si par exemple je ne suis pas juriste, je ne m'intéresserais pas aux articles sur le droit de mon journal, mais je me jetterais par exemple, sur la chronique cinématographique, le cinéma étant ma seule raison de vivre... De même, tel objet matériel qui traîne chez un antiquaire n'aura aucun intérêt pour une infinité de chineurs passant à côté, mais je trouverai en lui toute l'information que je cherche, à titre d'illustration des habitudes de vie d'une époque, à laquelle je m'intéresse tant. Pour le passant, cela n'aura aucun intérêt ; pour moi cela aura un intérêt documentaire énorme, sans parler de la force d'émotion que cet objet peut revêtir et qui est hors de notre champ d'investigation...
Cette définition subjective défie un peu plus les questions de modélisation et de tarification de la valeur de l'information. Car chacun pourra construire son échelle de valeurs des informations en fonction de ses centres d'intérêt.
|cc| Didier Frochot — septembre 2000 — décembre 2003
Voir Définition objective de l'information