La dichotomie fondamentale entre les deux métiers réside dans le fait que le bibliothécaire travaille à partir de l'offre (j'ai l'ouvrage pertinent dans mon fonds ou je ne l'ai pas) alors que le documentaliste travaille à partir de la demande (trouvez-moi telle information, peu importe comment et où ? (1). À la limite, le documentaliste peut travailler sans fonds documentaire. Puisqu'il travaille à partir de la demande, la totalité de sa prestation est purement intellectuelle : un savoir-faire de recherche et une connaissance de la cartographie (voir Un métier de cartographe ?) de son secteur. Et, de fait, il existe des endroits où le service documentaire ne possède aucun fonds. Il se contente d'accéder aux grands réservoirs d'information, soigneusement mis à jour par d'autres que sont les bases de données professionnelles et d'aller chercher les données auprès de centres d'information, bibliothèques et services de documentation autres, qui sont autant de gisements informationnels. C'est donc plus pour des raisons de commodité (avoir les éléments de base sous la main, à disposition des utilisateurs) que les centres de documentation ont réinventé une bibliothèque... Car la notion de fonds documentaire relève de l'aspect patrimonial inhérent au cœur de la fonction de bibliothèque.
|cc| Didier Frochot — septembre 2000 — décembre 2003
Note :
1. Nous reprenons cette distinction mise au jour par Françoise Blamoutier, documentaliste et longtemps chargée de nombreuses activités au sein du groupe ADBS Rhône Alpes Grenoble et au niveau national, dans cette même association.